chienne de vie <> libre

Damned

Chercher, trouver, traquer, achever. Et tout recommencer encore, et encore. C'était ainsi qu'étaient rythmées les journées d' Ambre, et celle ci particulièrement. Le soleil avait déjà quitté les terres, et bientôt, la Lune le remplacerait, à l'endroit même où il avait régner une journée de plus. Le vent ne tarda pas à se rafraichir, signe que l'automne s'installerait sans tarder. Les dernières chaleurs retenues par le pelage de la chasseuse s'envolèrent dans un courant d'air, qui l'obligea à fermer les yeux quelques secondes tandis que son corps était fouetté par ces vents glacials. Une fois qu'ils se furent calmés, la chatte reprit sa route. Car pendant que les étoiles apparaissaient une à une dans le ciel, elle, se dirigeait vers le chemin qui la ramènerait au camps. Effectivement, quelques instants plus tôt elle avait mit fin à une vie, geste devenu presque habituel pour elle. Non pas qu'elle se soit battue avec un chat du clan adverse pour une quelconque raison - Ambre n'aurais pas la prétention de se dire excellente combattante -, mais elle rapportait une proie de plus à mettre sur le tas de gibier, et qui pourrait ainsi rassasier un ventre de plus. De même, si le lapin qui pendait à sa mâchoire n'était pas de taille exceptionnelle, il était assez gros, et Ambre était assez satisfaite de pouvoir ramener une proie ainsi. Et si ce n'était pas son premier, ni son plus gros, il était normal pour un chasseur de se réjouir à chaque nouvel "bel" animal rapporté à son clan.

Cependant, elle ne tardait pas à apercevoir une ombre, au loin, silhouette d'un corps familier. Ambre Éternelle s'approcha un peu plus pour voir auquel de ses congénères cette forme appartenait. Mais bientôt, l'éclat de la Lune, qui commençait à apparaître au loin, teinta la silhouette d'un roux qu'elle semblait connaître. Pour vérifier son idée, elle s'approcha un peu plus, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus douter de cette éventualité. Il s'agissait bel et bien d' Étoile d' Orion, le meneur du clan auquel elle appartenait. Elle n'était pas si proche de lui, et pourtant, un grognement étouffé par le vent réussit à parvenir à ses oreilles. Il était donc, à ce qu'elle pouvait en déduire, de mauvaise humeure. Et de plus, le chef avait semble-t-il lui aussi repéré la forme d' Ambre dans la nuit.

- Bonsoir, Étoile d' Orion.
Le corps du rongeur était désormais déposé aux pattes de la femelle. Elle s'attendait, bien sûr, à ne pas recevoir de son meneur une réponse des plus aimables. Mais il ne lui convenait pas l'idée de l'ignorer et de passer son chemin, sous prétexte qu'elle pourrait recevoir une quelconque remarque.

( J'aime bien la manière dont tu écris =D )

[ Qui n'aime pas son style de toute manière ? I love you

]

Oui on se dit toujours qu'on en veut à la terre entière, à tous ceux qui ne savent pas apprécier le bonheur qu'ils ont sous les yeux. D'autres en effet, cherche carrément à se rendre malheureux. Mais parfois on rencontre des gens tout aussi blessé que nous, qui ont tout perdu et qui n'ont plus rien à gagner. Ils sont rares mais ils existent et les oublier serait comme devenir le plus monstrueux des égoïstes. Le monde n'est qu'une éternelle balance qui penche d'un côté ou de l'autre au fil des jours. Après c'est simple il suffit juste de sauter du bon côté au bon moment. Ainsi il faut être patient pour avoir son tour, pour voir un jour apparaître à l'horizon, son heure de gloire. Mais en attendant que le soleil daigne lever ses rayons sur elle, il fallait rester dans l'ombre...

Tout s'éteint car tout est finit. Une éternité d'une douceur plus que langoureuse, des moments passés à rêver de quelque chose qui existerait ailleurs. D'autres à se dire que plus rien ne manque à l'appel, que le bonheur s'est ancré dans les moeurs mais rien, rien n'est réel et seul reste la fatalité. Au loin on entend la mélodie des souvenirs, lente et piquante comme si elle dérangeait. Une voix chante comme un murmure, parlant dans la brume aux âmes égarées et à tout ce qui se sont un jour perdus... Vous l'avez déjà tous entendu un jour mais parfois une silhouette se dessine pour laisser apparaître un sauveur. Mais dans ce cas présent, ce n'était qu'un tueur, l'un de ceux qui ne se montrent pas.

Ainsi, entre les cîmes vertes, marchait une élégante silouette. Sa stature imposante se dressa sur les lits moussux des sous-bois. Avec un frémissement de moustaches, elle releva l'échine et posa son regard vert sur la forêt qui se tenaient fièrement devant elle. Lorsqu'elle tourna sa tête vers la droite, elle perçut une forme longtemps oubliée de sa mémoire. Plissant ses yeux en amande, elle contempla le chat roux et l'autre plus petite non loin de là. S'approchant à pas de velours, elle passa sous une souche humide, arquant son corps sous le tronc elle pu être assez près pour contempler les deux félins. Un sourire malsain étira ses traits car se tenait devant elle Etoile d'Orion et une chasseuse de son Clan. Après la confirmation par la minette, Brise des Cieux se redressa et sauta habillement sur la souche qu'elle venait de passer. Elle daigna alors poser son regard d'un vert piquant sur Etoile d'Orion. La guerrière savait pertinemment qu'elle était désormais visible mais elle ne fit rien pour partir. Restant droite et fière, sa longue queue carressant doucement ses pattes de devant tandis qu'un sourire étrange parcourait ses traits.

" Belles prises, Ambre Eternelle. "

" tigre... "

( T'as qu'à pas écrire aussi bien, aussi ! )

La chasseuse ne s'attendait pas à avoir avec son meneur une conversation qu'elle pourrait avoir avec l'un de ses pareils. Les deux chats n'étaient pas spécialement proches, et Étoile d' Orion avait certainement autre chose à faire que passer sa vie à parler avec ses guerriers. Ce pourquoi la femelle n'avait pas étée bien surprise quand il lui répondit brièvement, cependant, un mince sourire avait étiré ses babines. Il était naturel pour elle d'aimer que l'on remarque le "travail" accompli. Mais ça, je vous l'ai déjà dit, en quelques sortes.

Le meneur paressait ailleurs. Peut être n'était-ce qu'une illusion, mais de toute façon, ce n'était pas les affaires de la chasseuse. Cela le deviendrais si vraiment le mâle en arrivait à ne plus pouvoir diriger le clan. Mais jamais depuis son existence elle n'avait assister à pareille situation. Alors elle doutait que cela arrive du jour au lendemain. Étoile d' Orion avait pourtant laissé paraître une esquisse de sourire. Preuve qu'il tenait un minimum , au moins, à ne pas renvoyer totalement paître ses congénères. Quelques courts instants après, il s'attelait à partir, et de ce fait, Ambre à ramasser sa proie. Sauf qu'une ombre, un peu plus loin devant, la stoppa dans son geste. Elle releva la tête, et posa son regard sur cette troisième silhouette. Mais bientôt, ses questionnements sur l'identité de ce félin se levèrent, car son odeur lui parvint enfin. C'était un chat du clan du Tigre. Du clan adverse. Aussitôt, et par pur réflexe, elle ramena un peu plus sa proie contre elle. Bah, on ne sait jamais. Et Ambre Éternelle ne supporterais pas le fait d'avoir chasser pour un autre clan que le sien.

Ses poils se hérissèrent et la femelle se arma d'une méfiance sans pareil. Elle n'avait aucune raison d'attaquer la première. Car de une, la femelle devant elle était peut être une grande guerrière - spécialisée dans le combat -, et de deux, elle n'avait à sa conaissance pas violé les frontières des clans, puisque les trois chats se trouvaient tout juste... dessus. Tendue, la chasseuse s'apprêtait à réagir à quelconque geste de la part de la seconde guerrière, d'autant plus que le sourire étrange qu'elle avait adopté ne lui disait rien qui vaille. Elle avait l'air trop sereine, trop détendue, trop sure d'elle. Toutes ces idées se bousculaient dans la tête de la rouquine, qui envisageait toute possibilité. Mais de toute façon, se risquerait-elle vraiment à faire quoi que ce soit de dangereux ? Après tout, elle était seule. Cette idée détendit quelques peu Éternelle, mais elle ne laissa pas partir toute méfiance qu'elle avait prise...

Aucun sons ne fut produit par la chasseuse. Ni grognements ni paroles. Elle essayait de voir si, au court de sa vie, elle avait oui ou non déjà croisé cette chatte. Mais rien ne lui vint. Elle ignorait tout d'elle. Alors peut- être était-ce réciproque. Son regard, posé sur la guerrière, ne s'y était pas détaché depuis. Qu'allait-elle faire ? Il n'y avait pourtant pas beaucoup de solutions. Avait-elle un message pour Étoile d' Orion ? Hum. Non, Ambre chassa cette idée. Après tout, si tel était le cas, la chatte du clan du Tigre serait sans doutes venue bien plus tôt qu'à la tombée de la nuit.
C'était une simple rencontre. Oui, la chasseuse en était venue à ce résultat. Elle se sentie idiote, tout d'un coup, de ne pas y avoir pensé plus tôt. A s'imaginer un tas de scénarios. Pfff. Enfin, maintenant, son esprit avait retrouvé toute sa tranquillité.

" Tigre... "

Sentir cette impression d'être un parasite, de ne pas être aimer. La haine est un sentiment bien douloureux qui, en général affaiblie les deux côtés mais ici tout était différent. Cette étrange sensation d'être repoussée par les autres, celle de se sentir exclue. Une chose bien douce pour la périlleuse guerrière. Car elle aimait être ainsi désignée, comme la peste même, comme une maladie que l'on essaye à tout prix d'éviter. Quelque chose de dangereux et de désagréable, une bête noire et maudite. Le simple fait d'être aussi bien accueillie par Etoile d'Orion la fit sourire de plus bel, ne perdant en rien cette attitude si déroutée et apaisée qu'elle affichait. Comme si elle était heureuse d'être vue comme tel. Mais il fallait avouer que c'était la vérité. Les familiarités n'étaient pas pour elle et si elle vait été reçue autrement, cela l'aurait blessée. Apprécier le côté sombre des choses peu parfois être bénéfique. Et dans son cas c'était exactement ça. Vivant dans l'anarchie morale la plus complète, elle s'instruisait dans l'ombre et patientait, attendant son heure. Elle était la bête qui vous tuait dans la ruelle. Sans témoins, sans pistes, et sans suspects. Rien de tout cela n'existait dans son monde. Il y régnait un esprit fourbe et dévoré par la soif de vengeance comme celle du pouvoir. Toutes aussi dévastatrices l'une que l'autre, elles avaient rongés les derniers fragments de bonté qui résidaient chez la chatte. Désormais seul l'instinct était présent, celui de conservation, l'arme la plus redoutable de toutes car plus une seule loi existe, et tous les coups sont permis.

Dans un corps aussi délicieux, tout ceci était plutôt dur à croire mais comme le dit le dicton, il ne faut pas croire aux apparences car elles sont parfois trompeuses. Se nourrissant de la faiblesse des autres, riant de la tristesse qui s'emparre des âmes qui l'entourent, le plus malsain des esprits sera toujours là, en temps de guerre pour recevoir sa part du festin. C'est ce qu'était la guerrière qui se tenait là sur sa buche, contemplant les deux autres félins qui se tenaient devant elle. Persevant la peur que la rouquine émanait, Brise des Cieux ne fut que plus ravie. En revanche, quelque chose lui déplut fortement. Pourquoi celle-ci avait elle ramené sa proie près d'elle ? Prenait elle la combattante pour une vulgaire voleuse ? Un chat des rues, un immonde pouilleux qui ne saurait se nourrir seul ? Sa dignité en prit un coup et elle serra un court instant ses machoires. Elle ne s'abaissait jamais si bas. En effet, la chatte bicolore ne mangeait que ce qu'elle chassait et ne comptait sur l'aide de personne pour subvenir à ses besoins car cela aurait été accepter la pitié, une chose inconcevable pour la belle guerrière. De plus, obtenir quelque chose de quelqu'un voulait dire qu'on en était redevable et par conséquent cela signifiait avoir déjà un pied dans la tombe. Pour survivre, la confiance ici bas n'existe pas. Car le monde est cruel et les faibles trépassent pour laisser place aux plus forts. Ainsi la chatte reporta toute son attention sur l'Etoile rousse. Descendant de son piédestal, elle s'approcha d'un ou deux pas, parfaitement mesurés, de cette démarche étrange qu'était la sienne. Son sourire était toujours présent lorsqu'elle daigna s'assoir face aux deux félins. Sa longue queue tapotait doucement le devant de ses pattes tandis que son regard se porta automatiquement dans celui d'Orion.

" Ravi de te revoir... "

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